Marseille aime lire 

 

Un quartier aisé, une vitrine attrayante, un grand espace de vente lumineux, la librairie Prado-Paradis a tous les ingrédients pour faire recette. Après avoir été l'un des employés, Frédéric Piétri dirige la structure. Depuis 7 ans, il poursuit le développement de l'activité, avec modernisme : accessibilité, étagères pratiques, rayonnages pour tous les goûts et même depuis deux ans la possibilité d'acquérir la version numérique des ouvrages. 

Avec ses 40 000 références proposées, la librairie, qui possède également un espace papeterie, réalise un chiffre d'affaire annuel de près de 2,7 millions d'euros, "même si on ne fait que 20 à 25% de marge", précise Frédéric Piétri.  Généraliste, la boutique présente tout de même quelques rayons qui drainent l'activité. "La littérature, la jeunesse et le parascolaire restent ce qui marche le mieux, explique le directeur, avec le cinéma ou la musique c'est plus compliqué par exemple, on traine certains ouvrages toute l'année mais lors des fêtes de fin d'année ou pour des occasions spéciales comme des anniversaires, ça marche bien donc on est content de les avoir". La librairie a peu à peu développé des partenariats avec les collèges et lycées, nombreux dans ce secteur du 8ème arrondissement. Plus important encore, une association avec les professeurs, eux-mêmes, de Français ou d'Anglais principalement, "il faut les sensibiliser, leur expliquer qu'en nous prévenant dix jours à l'avance et en nous envoyant leurs élèves ils auront tous les livres demandés très rapidement". La ville de Marseille, le Conseil Général et les bibliothèques font aussi partie des différents partenariats et rapportent environ 30% du chiffre d'affaires de la société.

 

Frédéric Piétri met surtout en avant son personnel qualifié et les conseils qu'ils peuvent apporter aux clients, pour justifier son relatif succès. "Nous recevons les fournisseurs en amont pour savoir à l'avance quels livres nous allons recevoir, de quoi ils parlent, à qui ils s'adressent ...pour être prêt à conseiller", raconte t-il. Amazon reste un lourd concurrent bien que le directeur remette en cause leur méthode d'aide et de guidage des clients, "vous avez lu tel livre alors vous aimerez celui-ci, ce n'est pas du tout comme ça que ça marche", plaisante t-il. Librairie, mais aussi lieu de vie, la boutique propose des animations, des signatures, des expositions et même des concerts. Des évènements qui attirent le public, le poussant à consommer comme à revenir. 

Malgré la crise, l'envie de lire semble toujours bien présente dans le quartier de St-Giniez, "ils baissent un peu leur budget, sauf pour leurs enfants ou à Noël, là, ils ne calculent pas !". La fermeture du Virgin Mégastore aura ainsi plutôt bien servi aux librairies de quartier, indépendantes, en faisant revenir les habitants du coin qu'ils avaient peu à peu perdus.